Le patron de Salesforce veut convaincre les start-up d’allouer 1% de leur capital, 1% de leur temps et 1% de leur production à des projets philanthropiques.

Lorsque le milliardaire Marc Benioff a créé l’entreprise de solutions pour le cloud Salesforce en 1999, il a intégré la philanthropie dans son plan de développement: 1% du capital, 1% du temps des employés et 1% des produits de Salesforce sont attribués à des oeuvres de charité.

Pour étendre son modèle «1-1-1», Salesforce a lancé l’initiative Pledge 1%, qui fournit toutes les ressources nécessaires à une entreprise qui voudrait l’appliquer. Jusqu’ici, les projets se concentraient plutôt sur la Silicon Valley, où plus de 200 compagnies ont rejoint l’initiative. L’organisation s’attaque désormais à New York, en partenariat avec la fondation Robin Hood, qui gère plus de 140 millions de dollars de programmes de lutte contre la pauvreté.

 

Un modèle pas adapté à toutes les entreprises

Pledge 1% s’adresse en priorité aux start-up, car il est plus facile pour de petites structures de déployer ce modèle dès le départ et de l’ancrer dans leur culture d’entreprise. Il est plus compliqué pour une entreprise cotée en Bourse de s’engager à céder une part de son capital. Pledge 1% recommande aux dirigeants de ces entreprises d’engager leur propre capital, plutôt que celui de leur société.

Donner 1% de sa production ne semble pas non plus adapté à toutes les entreprises partenaires, car nombre d’entre elles proposent des services dématérialisés, à destination d’entreprises, ou déjà gratuits. On voit mal ce que le service de recommandation de restaurants Yelp pourrait offrir pour aider la communauté. Mais d’autres entreprises peuvent avoir plus d’impact. La start-up londonienne Kano, qui fabrique des ordinateurs en kits et des logiciels éducatifs pour apprendre aux enfants à coder, s’est engagée à offrir 1% de sa production annuelle à diverses institutions.

 

Redorer l’image de la Silicon Valley à San Francisco

Marc Benioff, qui est à l’origine de Pledge 1%, n’en est pas à sa première initiative caritative. Il tente également de mobiliser la Silicon Valley via le programme SF Gives, qui vise à récolter 10 millions de dollars de la part de 20 entreprises high-tech pour lutter contre la pauvreté dans la baie de San Francisco. Quitte à égratigner les initiatives de ses pairs.

Comme celle de la Silicon Valley foundation (SVCF), qui récolte les donations des grands patrons du secteur. Mark Zuckerberg avait donné 18 millions d’actions Facebook d’ une valeur de presque 1 milliard de dollars en 2013. Peu ému par le geste du PDG de Facebook, Marc Benioff doute de sa sincérité et critique l’opacité de la fondation: «Vous donnez votre argent à SVCF et vous obtenez votre déduction fiscale de l’année, mais la fondation n’a aucune obligation de distribuer l’argent. Où est-il passé? À quoi sert-il aujourd’hui? Je suis sûr que les intentions de Mark Zuckerberg sont bonnes, mais on doit voir cet argent distribué.»

Toutes ces démarches visent aussi à redorer l’image des entreprises de la Silicon Valley dans la baie de San Francisco, où les habitants manifestent régulièrement contre la montée des prix et des inégalités. L’arrivée d’employés aux hauts revenus ne cesse de faire grimper les loyers, poussant les moins fortunés à quitter la ville. Les locations à San Francisco sont désormais parmi les plus chères des États-Unis, devant Los Angeles, New York, ou Washington.